Mes mères, mes sœurs, mes pères et mes frères,
Où va donc ainsi Douala sans faste ?
Je me le demande, et je vous le demande…
Où donc va notre Douala, hier fleuron du Cameroun ?
Il y a de la douleur à ne plus entendre au fond de l’estuaire le chant des piroguiers
Il y a de la douleur à voir s’effriter l’âme de mon peuple Sawa
Il y a de la douleur, oui, il y a de la douleur
Je vous le dis
Il y a de la douleur au vu de la braderie insensée du patrimoine
Il y a de la douleur à voir nos hauts lieux traditionnels profanés
Il y a de la douleur à voir nos sanctuaires souillés sans fin ni vergogne
Il y a de la douleur à côtoyer la laideur urbaine
Il y a de la douleur à frayer avec la décrépitude de nos terroirs
Où donc va Douala de ce mauvais pas ?
Je me demande, et je vous le demande…
Il y a de la douleur à voir les jeunes filles se prostituer
Il y a de la douleur à voir notre mémoire bafouée
Il y a de la douleur à savoir la Pagode aux mains des marchands
Il y a de la douleur à voir que le preux Rudolph ne fait pas d’émules
Mes mères, mes sœurs, mes pères et mes frères,
Où allons nous de ce pas sans foi, de ce pas vacillant ?
Où nous situons nous dans ce monde global ?
Je vous le demande et je vous le demande…
Il y a de la douleur à tous les paliers
Il y a de la douleur face à l’incurie familiale
Il y a de la douleur à entendre les éclats de voix acérés de la zizanie
Il y a de la douleur face à la misère morale
Il y a de la douleur devant le rejet de l’école
Il y a de la douleur à vivre les méfaits de l’obscurantisme
Il y a de la douleur, je vous dis,
Il y a de la douleur tout plein en mon cœur Sawa
Michèle ESSO EBONGUE